Monday, March 10, 2014

The Polytechnique Massacre in O'Hara Style Mixed with Mal de vivre

(Written the 6th of December, 2013)



Frank O'Hara is Bart Simpsons:

René Magritte
Has a pipe
That is not
A pipe.

Bart is rolling his skate
In front of this pipe
Remembering
The 6th of December, 1989
Where
Fourteen Mona Lisa
Died
Because of this pipe
That is not
A real Pipe. That is
A shadow of a pipe.
Fourteen Mona Lisa zombified
In all minds.

Bart is thinking:
THIS is something
To turn yellow
And 
Stay yellow. 


Monday, March 3, 2014

God Bless America


God Bless America

Where are we so blind to see
That the ones we hurt 
Are you and me?! - Heap
Okay, ça fait pas très universitaire de dire
que le monde est sans dessus-dessous,
qu'on voit pas le bout aux tourments des gens,
à nos propres tourments,
et que CE film
est un expiatoire,
une sorte de sublimation des pulsions de mort
qui nous habite,
qui m'habite.
Certains trouveront ça vulgaire
(Vous voyez à quel point je pense
aux autres
mais surtout
à leur jugement), mais
je vous le dit, ce film me hante.
Jamais je ne tuerai personne,
mais des fois,
j'ai le goût de crier,
crier à défoncer les oreilles
des gens qui m'entourent,
qui devraient m'entourer,
ou des gens qui pourraient avoir
une influence positive
pour moi,
pour vous,
pour tous,
et qui se complaisent dans leur marde.

Bref, je travaille pour une compagnie de merde,
tout comme Frank, the anti-hero,
société qui accuse et qui ne remercie jamais,
à laquelle tu dévoues ta vie,
mais que jamais, jamais,
JAMAIS,
tu peux penser que tu seras rémunéré
comme tu le devrais,
qui te donne bref,
un salaire de crève-faim.

Et là, tu, je, nous,
sommes pris dans une roue,
une roue sans fin
où l'amour, la fraternité, la compassion,
meurt, s'oublie,
et où la haine
à sa place,
petite,
dans un coin,
elle nous dévore,
elle nous tue.

CE film,
bref,
était merveilleux.

Je cherche ailleurs.
Je cherche.
Je cherche.
Mais je trouve pas,
vous non plus.
Ce qui nous va, ce qui nous irait.
Ça n'existe plus.


Comment faire l'amour avec un Nègre sans se fatiguer



Écrit en 1985, ce premier roman de Dany Laferrière décrit la vie de deux Nègres, exilés à Montréal: un met sa foi en le Coran, a Freud pour prophète, et passe son temps à dormir (nommé Bouba, il m'a étrangement fait pensé à un nouveau Bouda primitif-moderne puisqu'il est le Guru d'une jeune Blanche suicidaire); l'autre, un grand amateur de jazz, écrit ce qu'ils vivent ensemble dans le carré Saint-Louis, le manque d'air frais de l'été, la chasse aux Blanches, la baise des Blanches, l'histoire des castes montréalaises.

Certains passages sont en capitales: un cri du coeur? Un vomissement de vérités, ou d'opinions toutes faites plutôt.

Notamment, le narrateur ne cesse de répéter à quel point les blanches ont besoin des nègres pour prendre leur pied au lit, car la blanche est en-dessous du blanc, le nègre dessous la blanche, la négresse dessous le nègre. Donc, le nègre et la blanche au lit réconcilient l'humanité entière. En 1985, j'imagine que ces propos ont été loin de passer inaperçus. Par contre, de nos jours, ils seraient considérés comme un stéréotype comme les autres.
"LA HAINE DANS L'ACTE SEXUEL EST PLUS EFFICACE QUE L'AMOUR."
"LA BLANCHE DOIT FAIRE JOUIR LE BLANC, ET LE NÈGRE, LA BLANCHE."
"L'HISTOIRE NOUS SERT D'APHRODISIAQUE." 
Il explique a quel point les blanches sont naïves: elles ont été enseignées dès leur plus jeune âge à croire ce qu'on leur dit. Alors, un nègre arrive, lui fait son monologue sur sa vie en Afrique, et BANG! dans le lit.
"ET DIRE QU'ON ENVOIE CES FILLES DANS UNE INSTITUTION SÉRIEUSE (McGILL) POUR APPRENDRE LA CLARTÉ, L'ANALYSE ET LE DOUTE SCIENTIFIQUE. ELLES SONT TELLEMENT INFECTÉES PAR LA PROPAGANDE JUDÉO-CHRÉTIENNE QUE DÈS QU'ELLES PARLENT À UN NÈGRE, ELLES SE METTENT À PENSER EN PRIMITIVES. POUR ELLES, UN NÈGRE EST TROP NAÏF POUR MENTIR. C'EST PAS LEUR FAUTE, IL Y A EU, AUPARAVANT, LA BIBLE, ROUSSEAU, LE BLUES, HOLLYWOOD, ETC."
Par contre, il y a tout de même des moments philosophiques poignants où l'auteur pénètre dans l'émotif des  relations humaines, dans la crainte de l'autre, autant que dans sa propre vulnérabilité.
"Dormir, c'est se livrer totalement. C'est le plus que NU."
D'ailleurs, le lecteur peut voir l'évolution de l'écriture du livre du narrateur à travers celui même de l'auteur. Lors d'une entrevue à la fin du roman, le narrateur raconte que les noirs veulent le lyncher pour avoir vendu la mèche dans son roman.
"C'est le destin de tout écrivain que d'être un traître. J'espère que c'est mon premier cliché depuis le début de l'entretien."
Évidement, c'est loin d'être le premier cliché de l'auteur, mais cette phrase est poignante pour tout écrivain en devenir. Un autre cliché, plutôt littéraire, et spécialement bien ficelé se trouve dans le titre du dernier chapitre qui se nomme "On ne naît pas Nègre, on le devient".

***

Ce qui était le plus dramatique dans tout ce scénario à la noix, ce sont les nombreuses références littéraires insérées ça et là comme un retentissement de la "culture" de l'auteur (Pardon Monsieur Laferrière, mais sérieusement... j'étais loin d'y croire). Si on met de côté les nombreuses lectures que le narrateur accomplies (ne faisant que nous citer des noms d'auteurs comme des emblèmes), les quelques allusions littéraires sont plutôt décevantes:
"Drôle de fille, je l'avais rencontré à l'université (à une soirée littéraire typiquement McGill). j'avais laissé entendre que Virginia Woolf valait bien Yeats ou une bêtise de ce genre. Peut-être avait-elle trouvé ça baroque dans la bouche d'un Nègre."
Pour ma part, je crois que comparer Virginia Woolf et Yeats devrait être un crime.
"Miz Littérature a une famille importante, un avenir, de la vertu, une solide culture, une connaissance exacte de la poésie élisabéthaine et même, elle est membre d'un club littéraire féministe à McGill - les Sorcières de McGill - dont les membres s'occupent de remettre en circulation les poétesses injustement oubliées. Cette année, elles publient en édition de luxe, avec des encres de Valérie Miller, l'oeuvre poétique d'Emily Dickinson."
Entres toutes les poétesses, l'auteur a choisi Emily Dickinson. Elle est enseigné dans les Cégeps et les Universités dans tous bons cours d'anglais. Et on parle ici d'une jeune étudiante de McGill. Bon, on parle d'un livre écrit en 1985, mais ça ne fait tout de même pas cinquante ans. J'adore Dickinson, mais elle est loin d'avoir été "injustement oubliée".

***

Recommandé si vous aimez les courts chapitres, si vous avez une aversion pour les charmeurs (et que vous aimez comme moi être challenger dans vos valeurs), ou si vous êtes dans un cours de littérature québécoise au Cégep (facile à lire et divertissant).