« Y’a tu
quelque chose de meilleure que de l’eau dans vie. Non, mais sérieux là!
Penses-y : c’est tellement bon de l’eau! »
Quand je pense à
l’eau, j’entends toujours la fois où mon frère s’extasiait sur sa saveur, ses
propriétés hydratantes, le besoin que chacun a d’en boire. Il faut dire qu’à ce
moment-là, mon frère prenait un tournant décisif dans sa vie : il faisait
tout pour être plus en santé. Donc, il en avait fini de boire un 2L de jus par
jour. Il allait au gym. Il changeait son alimentation. Moi, qui ai toujours aimé
l’eau plus que les autres boissons, ça me faisait étrange de l’entendre s’extasier
comme ça sur quelque chose d’aussi commun. Cependant, il a tellement, TELLEMENT,
raison!
Ôtons nos œillères!

Qui, dans le
monde a véritablement accès à l’eau potable? Le journal Le Monde rapportait en
2013 qu’il y avait 2,4 milliards d’habitants privés d’eau potable. Du XIXe au
XXe siècle, la population mondiale est passée de 1,7 à plus de 6 milliards d’habitants :
ça en fait du monde! Est-ce que la terre peut fournir en eau potable tous ces
gens? La réponse est oui, mais à certaines conditions. L’eau douce est pourtant
une denrée rare pour le tiers de la population. Pourquoi? Encore une histoire
de répartition des richesses : alors que certains pays vivent dans l’opulence
– genre nous – et voient l’eau comme une denrée renouvelable – alors qu’elle ne
l’est pas – d’autres pays n’ont pas leur (notre) chance et se retrouvent en pénurie. C’est
affreux! Imaginez une journée sans eau, une semaine sans eau… Il n’y a que 9
pays qui se partagent 60% des ressources d’eau potable mondiales (le Canada, la
Russie, le Brésil, les États-Unis, la Chine, l’Indonésie, l’Inde, la Colombie
et le Pérou). Voici quelques petits faits qui vous intéresserons certainement
sur la pénurie à venir, et ce même pour les populations aujourd’hui dans l’opulence.

« Outre que toutes les populations n’ont pas un égal
accès à l’eau douce, plusieurs facteurs tendent à réduire les disponibilités en
eau : la mauvaise gestion, le gaspillage, et la pollution des réserves.
S’il
est en effet possible de puiser sans compter dans la réserve annuelle des cours
d’eau, l’exploitation des nappes phréatiques est plus délicate et risque à
terme, en cas d’excès, d'entraîner leur épuisement. À la différence des cours
d'eau, les nappes souterraines sont des réservoirs qui se renouvellent très
lentement et ne peuvent donc rapidement combler les emprunts (voir le chapitre Cycle de l’eau et réservoirs). Or, certaines nappes, qui pourtant ne se renouvellent plus
ou quasiment plus à l’échelle humaine, sont fortement exploitées, notamment à
des fins d’irrigation. Les experts estiment que les seuils correspondant à ce
qu’il est possible de prélever au milieu naturel sont déjà dépassés en de
nombreux lieux. Ils prévoient même l'épuisement, dans les 30 ans à venir, de
plusieurs nappes importantes, dont l'exploitation s'est intensifiée : +144
% en 30 ans aux États-Unis, +300 % en 10 ans en Arabie Saoudite, +100 % en 10
ans en Tunisie ; en Chine, en Inde et en Iran, les prélèvements se sont aussi
accrus.
…Enfin, le problème de l’eau dans le monde n’est pas uniquement
quantitatif, il est aussi qualitatif. Car plus la consommation d’eau augmente,
plus les rejets d’eaux usées et d’effluents sont importants, qui polluent et
dégradent les écosystèmes aquatiques de façon impressionnante parfois. Cette
pollution pose un grave problème, car elle pourrait rendre les réserves
progressivement inexploitables.» (Infos prises sur ce site.)

Là,
j’espère que vous êtes convaincus que la situation est CATASTROPHIQUE. Vous le
ressentez peut-être pas encore, vous le voyez peut-être pas de vos yeux vus,
mais arrêtez de faire comme si la terre entière tournait autour de votre petite
personne. Pensez à vos enfants, vos petits-enfants, votre famille, vos amis,
les gens que vous aimez : toute cette eau que vous gaspillez, lorsque nous
allons être en pénurie, vous allez vouloir donner n’importe quoi pour retourner
en arrière et changer votre consommation ne serait-ce que pour donner un verre
d’eau à l'amour de votre vie. Reconnaissez donc les faits! Agissez en conséquence! Un seul
changement d’habitude de votre part est une amélioration. Personne n’est
parfait : on peut tout de même essayer de s’améliorer au lieu d’utiliser
ça comme une excuse (ce qui est pitoyable d’ailleurs).
Les solutions
sont donc de faire attention à notre belle eau potable que nous aimons tant :
cessez le gaspillage, ne pas envoyer de produits toxiques dans les nappes
phréatiques, etc. Voici quelques trucs FACILES du merveilleux livre d’Otesha (dont viennent les images de ce billet d'ailleurs),
que vous ne trouverez nulle part (c'est un livre rare dû à sa fabrication) :
Agir:
1.
Déposer
une roche, un objet lourd quelconque, dans le pot de la toilette afin d’économiser
1 litre d’eau à chaque fois que vous tirez la chasse. Tirer la chasse d’eau d’une
toilette à débit réduit prends environ 6L. Dans certains pays, c’est 15L. Un
litre économisé chaque fois, pour chaque ménage, en plus de la tactique « Si
c’est jaune, y’a pas de presse », sauvera BEAUCOUP d’eau. Il y a aussi une
autre tactique : celle de tirer la chasse en utilisant les eaux ménagères
(si vous êtes extrémistes). Ce qui veut dire que l'eau de votre vaisselle ou l’eau de pluie est récoltée dans un bac et que vous tirez la
chasse avec cette récolte. En théorie, vous n’avez utilisé aucune eau
supplémentaire ce qui est génial!
2.
Recycler
ces eaux ménagères : mettre un sceau sous la douche ou dans l’évier pour
récolter l’eau perdue lorsqu’on attend que l’eau devienne chaude ou lorsqu’on
se lave les mains (avec du savon biodégradable pour ne pas contaminer l’eau
bien sûr*). Cette eau peut servir à tirer la chasse, mais aussi à nourrir ses
plantes, à faire la vaisselle ou même à passer la moppe (« serpillère »
pour les Français qui me lisent).
3.
Prendre
des douches avec une pomme à débit réduit et en prenant le moins de temps
possible. On peut aussi installer un dispositif pour fermer l’eau lorsqu’on se
savonne. Certaines personnes vont me dire que c’est vivre comme si on était
déjà en pénurie… C’est de prévoir plutôt que de guérir. Transformer l’eau demer en eau potable coûte les yeux de la tête : une partie de la
population pourra y accéder lorsqu’il n’y aura plus d’eau (voir ce site pour
plus d’infos). Pour votre information, un bain peut prendre 60L d’eau; une
douche ordinaire de 5 minutes, 100L; une douche de 5 minutes avec une pomme
spéciale, 35L.
4.
Arrêtez
de laisser couler l’eau comme des cons lorsque vous faites la vaisselle ou que
vous vous brossez les dents. 5 minutes = 15L!!! Common, cal!?#*!
5.
Arrêtez
d’acheter de l’eau embouteillée. C’est quoi cette marchandisation de l’eau
alors que c’est supposé être GRATUIT! L’eau est un DROIT HUMAIN, pas une
marchandise. Je vous invite à vous informer sur les problèmes environnementaux,
éthiques et de santé que peut causer ce genre de marchandisage (Santé Canada et
dangers alimentaires).
*Quand l’eau
doit être traitée, elle requiert de l’énergie (donc plus d’eau ici au Québec) et
des produits chimiques…
Ça, c’était les
trucs FACILES. Voilà les miens un peu plus compliqués (c’est l’extrémiste en moi
qui parle) :
1.
Arrêter
de manger de la viande. Ou diminuez. Produire 1kg de bœuf demande 15,000L d’eau :
1kg de blé (ou pas mal tout ce qui est végétaux), 1,000L. Manger, c’est voter
trois fois par jour! (Pour plus d'informations, vous pouvez vous référer à mon ancien billet sur le végétarisme.) Non, les producteurs n’arrêteront pas d’abattre des
animaux parce qu’une seule personne arrête de manger de la viande, MAIS…
a.
Si
plusieurs personnes arrêtent, si la population mondiale diminue de moitié son
apport en viande : ils auront BEAUCOUP de pertes et seront obligés de
réduire leur production.
b.
Si
on demande des créations de lois pour les entreprises qui sont LOIN d’être
assez encadrées... Alors, là, c’est une option que j’aime.
2.
Je
suis tellement écœurée que la faute soit mise sur les particuliers. Les fermes,
les usines et les entreprises ont aussi leur rôle à jouer : leur impact
est TELLEMENT plus grand sur l’environnement que chacun de nous peut en avoir.
PAR CONTRE, ce n’est pas une raison pour ne pas agir, mais plutôt pour faire entendre notre voix. Vous pouvez envoyer une lettre au député fédéral, provincial ou au maire de votre ville. À l’Université de Montréal, la voix des étudiants a été
entendue : désormais aucune eau embouteillée n’est vendue sur le campus.
Ça incite les gens à apporter leur propre bouteille!
3.
Et
là, voici le dernier conseil, mais non le moindre – et qui est de loin le plus
difficile : ARRÊTEZ DE NETTOYER VOTRE @&?E@ DE DRIVEWAY À LA OSE. « Saint
si croche » (comme dirait ma mère) que les gens sont CAVES! Caves, dans le
sens d’inconscients; Inconscients, dans le sens d’incultes. Le prochain mon’oncle
en bédaine que je vois faire ça, je vais lui twister les mamelons. Mouhahaha.
Il devrait y avoir des amendes pour ça, mais non, on attend simplement d’être
en canicule...
Alors, je vous
lance le défi de prendre TROIS mesures pour changer votre consommation d’eau. Vous êtes même PAS
GAME! Vous pouvez aussi aller calculer votre utilisation d’eau quotidienne sur
le site d’Environnement Canada (complètement au bas de la page).
Si vous vouliez
un billet plus élaboré et complet, vous êtes servi! Passez une belle journée. N’oubliez
pas de boire 2L d’eau par jour – profitez-en puisque vous en avez toujours le
loisir!
Lectures à faire
si le sujet vous intéresse plus que la majorité de la population des pays
riches :
-
L’or bleu : l’eau, nouvel enjeu stratégique et
commercial de Maude Barlow
et Tony Clarke;
-
Le manifeste de l’eau : pour un contrat mondial de Ricardo Patrella;
-
The
Water You Drink de Julie Stauffer;
-
Whose
Water Is It?: The Unquenchable Thirst of a Water-Hungry
World de Bernadette McDonald.