Wednesday, April 23, 2014

Cromwell

"Tu souris, Thurloë. Tu ne sais pas quel vide
Creuse au fond de nos coeurs l'ambition avide !
Comme elle fait braver douleur, travail, péril,
Tout enfin, pour un but qui semble puéril!" 

Sincèrement, je n’avais pas réellement envie d’écrire sur ce chef d’œuvre de la langue française, mais après cinq cents pages, avais-je le choix? De toute façon, je vous devais bien d'écrire sur quelques classiques pendant les examens finaux!

Donc, le grand Victor Hugo décide au XIXe siècle d'écrire une pièce historique coupant abruptement avec les idéaux du classicisme et ouvrant la porte à ceux du romantisme. Pour Hugo, quelle règle absurde que celle des trois unités! Il revendique un théâtre axé sur le divertissement du public certes, mais surtout sur son éducation. Alors, tout bonnement, il decide d’écrire une pièce en mémoire de la clôture de l’absolutisme en Angleterre. Écrire à propos du Protecteur Olivier Cromwell, régicide (meurtrier du Roi), ayant atteint la tête du parlement. Il faut du culot! De plus, les personnages abondent dans cette pièce (atteignant presque soixante-dix!) et les changements de décors luxueux en fond une pièce irréalisable. Elle n’a en fait été jouée qu’une seule fois, en version abrégée d’ailleurs, en 1956.

Portrait d'Olivier Cromwell par Samuel Cooper


Donc, pour décrire la pièce en tant que telle, c’est une fresque de l’Angleterre du XVIIe siècle mettant en scène le complot réunissant les républicains et les royalistes contre Cromwell, Lord Protecteur d’Angleterre (pour une fois qu’ils s’allient, c’est ironiquement pour commettre un meurtre). Les royalistes lui en veulent pour l’exécution de Charles Premier, alors que les républicains sont outrés à l’idée que Cromwell puisse convoiter la couronne d’Angleterre. Cromwell ne se doute aucunement qu’il est menacé de mort s’il accepte la couronne malgré les nombreux indices sur sa route qui démontrent la face cachée de ces bons chrétiens.

Sincèrement, tous les personnages de cette pièce sont représentés comme des idiots orgueilleux. Ils seront tous dupés par leur propre orgueil, sauf Cromwell (malheureusement). Cependant, la seule personne réellement saine d’esprit, et pleine d’esprit par le fait même, est Francis, la fille de Cromwell. Elle est présentée comme un rafraichissement au lecteur alors même qu’elle oblige un pauvre idiot qui la courtisait (tout en se faisant passer pour un homme de Dieu!) à épouser son affreuse gérante. Le moment est si ironique que j’en ai ri tout haut.

La pièce fait le quatre cinquième de l’œuvre et, pourtant, c’est son préface qui a marqué l’histoire littéraire. Il est représenté comme une « image cartographique du voyage poétique » que l’auteur venait d’achever. Donc, la préface (qui est plutôt une postface) est un manifeste des idées conçues pendant la conception de l’œuvre. Ce véritable manifeste culturel et littéraire du romantisme est « assez, très, beaucoup » poétique. Pour vous faire un topo sans passer par quatre chemins comme l’auteur, il prescrit de s’inspirer de l’histoire (culturelle et littéraire) sans pour autant laisser le génie créateur s’entraver de contraintes. Donc, adieu les règles du classicisme! Bienvenue à l’idée de l’évolution! Non seulement d’un point de vue sociétaire, mais aussi langagier. En fait, Victor Hugo préconise le mélange des genres afin de se faire croiser le « sublime » et le « grotesque » à des fins représentatives du réel. Et seul peut le faire, le genre du drame. Et seul peut le faire l'organisme vivant qu'est la langue française!

Le drame, pour Cromwell, c’est d’avoir tué le roi pour lui prendre sa couronne, mais ne pas l’obtenir et seulement en rêver. Qui n’a pas d’aussi beaux rêves sans jamais les réaliser? Qui risque la mort pour vouloir les atteindre?

Victor Hugo, vieux et beau.


Recommandé…
Si vous avez un travail de Cégep ou d’université à faire, beaucoup de temps devant vous, et que l’histoire d’Angleterre vous intéresse;
Si vous voulez vous instruire;

Si vous n’êtes pas trop rebutés par les Alexandrins.  

Thursday, April 17, 2014

Loon Lake

"They'll work at a job and not know why. They'll marry a woman and not know why. They'll go to their graves and not know why. . . . I've never understood it, but there it is. I've never understood how a man could give up his life, give it up, moment by moment, even as he lives it, give it up from the second he's born. But there it is. Bow his head. Agree. Go along. Do what everyone's doing. Let it leach away. Sign it away. Drink it away. Sleep it away."

I have so much things to say about this novel... This is insane.

First, I'll introduce you to its author, because he's worth it (the proof is that his work has been published in thirty languages!). Born in 1931, he's not dead yet, and he's been a prolific writer on a unique work: historical fiction. E.L. Doctorow thinks that America lacks of historical substance that normally gives opportunity in literature to work on as a writer (in its interpretation, reinterpretation, and invention). Among others, Doctorow wrote Ragtime, The Book of Daniel, Lives of the Poets, and Welcome to Hard Times. Doctorow was at first an editor, but he left publishing in order to write.



Loon Lake was written in 1980, but situates its narrative around the Great Depression. The postmodernist novel intermixes three different genres (bildungsroman, picaresque, and proletarian) in addition to mix up poems in a nonlinear narrative switching from the first to the third point of view and between two characters. Poems are mostly notes on Warren's life, and people he encounters. What is more destabilizing is the technique of stream of consciousness that is everywhere.

"I had the uncanny feeling that he was translating what I told him into another language."

When I started reading Loon Lake, I was overwhelmed by all these layers. I checked out the reviews, and was stunned by all the bad critics. However, I keep going (I had to read it for an university class), and I forgot to sleep one night, too caught up in the story. Joe is a hobo born in a poor family, as most of the characters are (Warren, Clara, Sandy, Libby). He quits his parents to live where life brings him. At a certain point, he is attacked by savage dogs on a propriety of a millionaire where he will encounter whom he seems to think is the love of his life, Clara. However, he has to take her out of this estate, because she is the propriety of Tommy Crapo, an awful and prosperous gangster (who will return there soon), and Warren (who lives there too) is also completely in love with her.

"But how she felt was overriding importance to me, how she felt!—then and every moment after—was my foremost concern, what I lived by."

The self-conscious narrative about one or the other narrator brings me up to be skeptic about their reliability, mainly about Joe. Is he telling the whole truth or is he making it all up like he is doing with the cops?

"You are thinking this is a dream. It is no dream. It is the account in helpless linear translation of the unending love of our simultaneous but disynchrous lives."

The end is so unexpected that I cannot even put words on it. All that the reader can have expected is swept aside.

The way the novel mixes high and low art, fiction and non-fiction, literary genres, dissolving love and hate, aggressiveness and sweetness, amorality and morality (...) makes me fall in love with it, but also with E.L. Doctorow. This author is a genius! Finally, all the narrative is based on one excellent question of life: which is more important than the other: freedom or material wealth? At the beginning, Joe thinks they are incompatible. Will you be willing to hear his conclusion?

I recommend you Loon Lake if you are willing to live an extraordinary adventure of experiences with literature, if you like to be surprise, and if you want to transcend the need of a linear narrative.

Wednesday, April 9, 2014

Les Femmes savantes


Les Femmes savantes est une pièce de théâtre, se jouant en cinq actes et écrite en Alexandrins, créée en 1672 au Théâtre du Palais Royal par Molière. 


Okay, ça a l'air réellement barbant, mais c'est parce que vous ne connaissez Molière que de nom! Car il est marrant ce mec du XVIIe siècle. 




Mais pas mon genre d'homme (pas assez de barbe). Trève be plaisanteries. Les Femmes savantes est l'histoire d'une famille divisée, car trois des membres sont subjugués par un pédant. "Pédant" vient du mot italien pedante apparut en Italie au XVIe siècle et devenu populaire en France au XVIIe. Il désigne l'homme faisant étalage de son savoir (qui n'est en fait que parure) afin de pouvoir baratiner les autres. Dans la pièce ici, Trissotin (son nom provenant de l’expression « trois fois sot ») baratine trois femmes de la famille afin de leur soutirer de l’argent. Une de ses trois femmes est courtisée par un jeune homme nommé Clitandre, mais elle est tellement subjuguée par le savoir de Trissotin qu’elle repousse constamment Clitandre qui finit par tomber amoureux de la sœur cadette d’Armande, Henriette.


La scène cinq du premier acte est très drôle, car Clitandre souhaite partager sa joie d’aimer Henriette à la tante de celle-ci, Bélise, mais la tante est tellement imbue d’elle-même qu’elle se croit la cible de son amour. Elle essaie de le repousser et peu importe comment Clitandre essaie de se sortir de ce mauvais pas, elle refuse d’entendre raison. Il finit par lui avouer directement qu’il désire Henriette, mais la tante renchérit comme une vieille perverse et croit qu’il essaie seulement de cacher le désir ardent qu'il a pour elle. Tout est dans le langage. Toute la conversation est subtile, mais c’est ce qui rend le tout hilarant. La tante devient un personnage assez grotesque.


Parlant de grotesque, voilà la mère, qui se bornera à refuser le mariage des tourtereaux parce qu’elle veut marier sa fille Henriette (qui ne s’intéresse pas du tout à l’étude de quoi que ce soit autre que de tenir une maison) à ce charlatan de Trissotin. Henriette voit clair dans le jeu de ce voleur, mais elle souhaite être une bonne fille et, pour ce, elle doit se plier à la volonté de ses parents. Heureusement, son père commence à comprendre qu’il a perdu ses culottes au profit de sa femme il y a de cela fort longtemps. Grâce à l’appui de son frère, il arrivera à faire savoir à sa femme, Philaminte, que certaines de ses décisions lui déplaisent. Philaminte a renvoyé sa servante parce qu’elle « parle mal ». Pour elle, parler mal, c’est, entres autres, ne pas savoir la différence entre « grammaire » et « grand-mère » (à mon sens, ce n'est qu'être ignorant, mais si tu fais ta job, on s'en sacre). Alors que la pauvre cuisinière s’en contre-fiche, Philamente, Bélise et Armande se réclament de la langue de Vaugelas et ne peuvent supporter de telles infamies telles que les proverbes, les pléonasmes, les néologismes, mais surtout elles ne peuvent pas comprendre la mise à l’avant des besoins physiques avant l’étude des savoirs!

Bref, ces trois folles, aujourd’hui, on les appellerait des snobs. Sauf que là, on est au XVIIe siècle et le pauvre père de famille finit par tenir des propos réducteurs pendant qu’il « pète une coche ». Il affirme qu’« Il n’est pas bien honnête qu’une femme étudie et sache tant de choses ». À force d’être occupées à s’enfler la tête d’un intellect de peccadille, les trois femmes ne s’occupent plus de la direction de la maison : à cause de ça, tout le monde pense qu’elles sont en train de perdre la tête et parle dans leur dos. Oh les vilains gens de ces années-là! Ça jugeait sur le ménage ben plus qu’aujourd’hui!

Là, on pourrait croire que Molière critique les femmes qui désirent s’instruire, mais pas du tout! Il est bien noble selon lui de le faire, mais la manière de le faire est aussi importante : pourquoi vont-elles adorer une espèce de prétendu érudit qui les amène à mélanger les doctrines et les savoirs? La culture devrait être une conquête laborieuse et non un faire-valoir superficiel. Bref, la cible du ridicule est leur naïveté et la façon dont Trissotin en abuse.


Sacré Molière! 

Recommandé si...
1. Vous avez un travail à faire sur Molière;
2. Vous avez le goût de lire un classique de la langue française pas trop long et pas trop compliqué;
3. Vous voulez paraître pédant.

Thursday, April 3, 2014

Manhattan Transfer

"Opportunity knocks but once at a young man's door."
What a pessimistic quote, you would say. And you would be right 'cause I just past three horrible weeks reading Manhattan Transfer, a novel by the famous American writer John Dos Passos. I thought I have to write something down to get it set up in my mind, because my student life is so awful right now, I can't even think fully and wholly of one goddamn subject without immediately thinking of something else. And this book doesn't help me to get my mind fixed up! Oh no!


Completely glaucous, the book tries to embody to much things at the same time with an experimental genre where Dos Passos uses a narrative collage technique. My university teacher says it is inspire by cubism. I thought cubism was much more profound then that... In literature, it seems that all perspectives are mixed up, sometimes carefully too much exaggerated and others, not enough as it should be.

The novel, published in 1925, focuses on the life in New York city between an age of prosperity (the Gilded Age) and one of economic decadence after the WWI (the Jazz Age). There's many characters, many plots, a succession of events, and sometimes simultaneously. The problem with that nonlinear narrative is that if you love, as a reader, to associate with one character, it's quite impossible. I just almost succeed to love two of them, which are Ellen and Jimmy. And you will have to read the book to understand why I didn't succeed to be totally fond of them 'cause I don't want to give away to much punches.

When we first met Ellen, she's a little baby. Even if her mother is crazy, her father is a successful businessman who takes care of them. What is truly amazing about her is her ability, as a young woman, to define herself by her art (she's an actress) and not through out the eyes of men.
Jimmy is completely is opposite, I think. Fatherless, his mother dies of a stroke when he is an adolescent. He's raised by his aunt and uncle, but he rebels against the system of financial success in place and turns to journalism to denounce capitalism. He's completely in love with Ellen, but like none of us he can't compete with a "perfect" dead lover.

In the major themes addressed, you have all sense the one of the mean American capitalism. John Dos Passos, in 1925, was a fervent leftist. However, like all (or almost) any human being who becomes successful, he completely changed his rifle edge in his last years. Well, here is some quotes I thought that were really beautiful about his view of the American society at this time:
"But I don't think a flourishing businessman is the highest ideal of human endeavor."
"The more educated a feller is the more use he is to his class." 
"Well perhaps you can tell me why in this country nobody ever does anything. Nobody ever writes any music or starts any revolutions or falls in love. All anybody ever does is to get drunk and tell smutty stories. I think it's disgusting. . . ."


Most of the characters presents in the interminable list of this book have also another goal than financial success, which is to be love and love in return. My favorite part of the book is when Jimmy encounters a guy named Bullock. They are walking outside, both drunk, when Bullock says to Jimmy how badly he wants to die 'cause he can't like women. Jimmy will clear the subject, obviously uncomfortable, by giving him the advice to go to a psychoanalyst. This part touches me by the way it embodies, in 1925 (don't we dare forget it) the horrible situation in which LGBT peoples cannot named themselves and were considered mentally ill. 

So, that was a dreadful everlasting novel, but how inspiring it is, now that I took the time to set it straight up in my mind. I will let you with another quote:
"There are lives to be lived if only you didn't care. Care for what, for what; the opinion of mankind, money, success, hotel lobbies, health, umbrellas, Uneeda biscuits . . . ? It's like a busted mechanical toy the way my mind goes brrr all the time."
Food for thought, uh? What are you caring about that is not as important as you sometimes think it is?