Thursday, May 22, 2014

« Paradis, clef en main » de Nelly Arcan

« ON A TOUS DÉJÀ PENSÉ SE TUER. »
C'est la première phrase de Paradis, clef en main, le dernier roman d'Isabelle Fortier sous son nom-de-plume Nelly Arcan. Très connue dans la littérature canadienne, cette auteure réussit toujours à venir m'arracher les entrailles. Quand je la lis, j'ai envie de crier, de me débattre et de pleurer. Ces romans sont toujours un cri du coeur face à cette vie dont personne ne détient le secret du bonheur.



Dans Paradis, clef en main, Arcan est fidèle à elle-même en abordant le thème de la haine de soi, mais cette fois-ci en soulevant le débat du suicide. Antoinette Beauchamps, la narratrice, est une jeune fille suicidaire. La mort pour elle serait une délivrance de la vie, car la vie n’est que douleur. Elle vit isolée de tous, sauf de sa mère, et de son oncle Léon. Sa vie n’est dirigée que par le but de se donner la mort. Elle insiste sur le point que ce n’est pas qu’une envie. C’est une sorte de maladie, ou plutôt un manque à la naissance : celui du désir de vivre. Selon elle, il serait peut-être héréditaire puisque son grand-père s’est suicidé et que Léon se suicidera aussi quelques années plus tard. En fait, à travers la mort de son oncle, Antoinette découvrira comment procéder à son propre suicide.

Ce qui m’a le plus mystifié dans ce roman est la création de la compagnie Paradis, clef en main par « Monsieur Paradis », un ancien médecin qui sauvait des milliers de gens de la mort, bouleversé par le suicide de son fils unique.

« Il a sauvé beaucoup de gens de la mort. Maintenant, il sauve des gens de la vie. »

Afin d’avoir droit à son suicide sur mesure, Antoinette doit en payer le prix monétaire, mais aussi prouver par une série d’épreuves que son désir de mourir est incurable. Le lecteur sait d’avance que le suicide n’a pas fonctionné et a causé la paraplégie de la narratrice. De son lit, elle nous raconte depuis son enfance ce qui l’a emmené à ce suicide raté à la Marie-Antoinette, ce qu’elle se rappelle, et comment cette histoire a fini par changer sa vie d’une manière que le lecteur ne peut prévoir.

Ce fut une expérience si étrange de lire ce roman en sachant qu’il a été publié à la suite du suicide de l’auteur (deux mois après). Loin d’être un livre pro-suicide ou l’explication du suicide de l’auteure, la narratrice entre les lignes racontent plutôt comment l’écriture de ce roman, comment le processus de création, crée une sublimation inestimable.

J’ai une amie qui n’aime pas du tout Nelly Arcan. Elle dit qu’elle est « trop dans sa tête » et « qu’il ne se passe pas grand chose ». Ses romans sont psychologiques, émotifs, à la ressemblance de ce moment où votre vie défile devant vos yeux juste avant de mourir. Plein de choses se sont passées, mais toutes ses choses sont toujours mis en face d’un avenir complètement différent.

Cette femme est juste tellement belle. 
Elle a des airs de famille pour moi, celle de la famille de ma mère.

Visitez son site web. Dites-moi si vous aimez cette auteure canadienne, mais surtout québécoise!


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